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la cinquième de couverture

18 octobre 2015

L'amour en littérature, ces histoires qui finissent mal et qui m'ont rendue idéaliste.

illustration bb

Je suis une fille niaise.

Et en tant que telle, je suis forcée d'écrire sur les histoires d'amour, parce les histoires d'amour, c'est beau, c'est gluant et ça marche toujours. J'aurais pu choisir n'importe laquelle parce que c'est le genre de thème qu'on retrouve de manière quasi automatique dans beaucoup de romans/pièces de théâtre/poèmes, mais qui posent toujours problèmes quand il s'agit de les étudier. Alors voilà une petite sélection (vraiment petite hein, j'ai du me restreindre à quatre pour faire un article qui durerait pas trois ans (parce que L'amour dure trois ans HAHAHAHAHAHA) que je présente sans ordre particulier, juste parce que je les aime bien et qu'elles ont (je trouve) un intêret littéraire (au moins un petit peu, oui oui).

1) La Belle et la Bête de Mme Leprince de Beaumont. (OUI C'EST MON DISNEY PREFERE ET ALORS CA N'A RIEN A VOIR). C'est une des histoires qu'on fait lire aux petits enfants pour leur apprendre la vie et je trouve que c'est une bonne chose. A la différence des autres contes, où la plupart du temps le Prince se pointe et mondieujeréalisequejepeuxtomberamoureusedupremiervenucommeçadupremiercoupcestdinguelavie, La Belle et la Bête c'est l'apprentissage d'une vraie relation. Tout simplement parce qu'au début la Belle n'aime pas la Bête. Elle le trouve laid et n'hésite pas à le lui dire (mais il est gentil et il a l'air intelligent, c'est pas un mauvais bougre allons bon). Elle reste avec lui pendant quelques temps, elle apprend à le connaître (et réciproquement), et même si la Bête force un peu en lui demandant de l'épouser tous les soirs, on sent bien qu'au fond, il a juste envie qu'elle soit bien avec lui. C'est ça une relation amoureuse réaliste. Apprendre à se connaître. Communiquer. Partager des choses. Tout ça au-delà de l'apparence physique et des différences qu'on peut remarquer au premier abord (et parfois ça paye et la Bête se transforme en Prince).

2) Cyrano et Roxane dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand. C'est une pièce de théâtre en cinq actes que je trouve dans la même lignée de la Belle et la Bête au niveau du thème. Cyrano n'est pas très beau. Il a un très gros nez, il le sait et il le dit lui-même (cf la tirade du nez dans la première scène du premier acte, une belle manière de poser le personnage qui est très moche mais qui a une très très bonne répartie). Si vous n'avez pas lu la pièce et que vous voulez le faire et vous réserver la fin (oui, le suspens existe aussi au théâtre), arrêtez de lire là parce que je vais tout salement spoiler. Cyrano est amoureux de sa cousine Roxane (oui c'était normal à l'époque), qui elle est amoureuse de Christian, un BG qui n'a pas beaucoup d'imagination et de vocabulaire et qui l'aime aussi. Elle lui demande de veiller sur lui et comme Cyrano sait qu'il est laid et qu'il n'a aucune chance avec elle, il accepte. Seulement voilà, Roxane est une précieuse, c'est-à-dire qu'elle aime les mots. Elle aime la poésie, elle aime les gens qui ont de la répartie et elle pense que si Christian l'aime en retour il sera capable de lui déclamer des poèmes et de la faire vibrer rien qu'avec des paroles (idéaliste va). Finalement, Christian va demander l'aide de Cyrano pour écrire des poèmes et essayer de se faire séduire Roxane et ce dernier va se retrouver à écrire des lettres d'amour à la femme qu'il aime en se faisant passer pour un autre. Des années plus tard, après la mort de Christian au combat (je résume parce que sinon ça va prendre des heures), Roxane apprend que c'était Cyrano qui écrivait les lettres depuis le début, et elle lui dit qu'elle n'était pas amoureuse de l'homme, mais des mots de l'homme. Elle aimait la poésie de Christian (alors que c'est Cyrano qui écrivait les lettres) au-delà de Christian lui même. Donc en gros, Cyrano se rend compte à la fin de sa vie qu'il aurait pu vivre une belle histoire d'amour avec la femme de ses rêves, mais que ça n'a pas été le cas. Ce que j'aime dans cette histoire d'amour encore une fois, c'est le fait qu'elle soit à sens unique pendant une bonne partie de la pièce, et qu'elle ne se joue pas juste autour des sentiments, mais autour de l'expression des sentiments. Cyrano est capable d'exprimer son amour à Roxane, mais uniquement en se faisant passer pour un autre. Il n'ose rien tenter et se met à bégayer dès qu'elle lui parle, parce qu'il n'a aucune confiance en lui. Toute la pièce se passe autour de la relation Roxane/Christan, mais en y réfléchissant bien, elle n'a aucune profondeur. Cyrano, c'est le mec qui aide un autre mec à pécho la fille qu'il aime, parce qu'il sait que lui n'a pas de chance avec elle mais qu'il veut qu'elle soit heureuse quand même. Vouloir le bonheur de l'autre, encore un truc qu'on apprend en grandissant.

3) La Princesse de Clèves et le Duc de Nemours dans La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette. OUI JE SAIS TOUT LE MONDE DETESTE CE FICHU BOUQUIN. Oui ça transpire la niaiserie, oui c'est bête qu'elle refuse de sortir avec Nemours même après la mort de son mari, mais essayez de comprendre. Elle a été élevée toute sa vie dans l'idée que tromper son mari, c'est mal, et finalement cette histoire, c'est celle d'une femme qui culpabilise d'aimer un autre homme que celui qu'elle a épousé. Mais comme l'amour est vil et qu'il nous demande pas notre avis pour tomber amoureux, c'est ce qui est arrivé et la pauvre se retrouve confrontée à des sentiments trop grands pour elle. Alors bien sûr qu'elle refuse de céder à la tentation, même après la mort de son mari, parce qu'elle culpabilise encore des sentiments qu'elle éprouve. Tout cet amour, c'est l'absence de communication, la relation platonique par excellence, et c'est le fait qu'ils n'aient pas le temps de vivre leur histoire d'amour qui la rend belle (A votre avis, pourquoi on aime tellement l'histoire de Severus et Lilly dans Harry Potter ? Même chose, c'est une histoire de la-vie-a-fait-que-ça-ne-s'est-pas-fait-mais-ça-aurait-été-tellement-cool. Je m'égare.). NB : Si vous voulez une adaptation fidèle et moderne de cette histoire, regardez La Belle Personne avec Léa Seydoux (du temps où elle n'avait pas encore ruiné mon enfance en jouant dans un vieux remake de La Belle et La Bête) et Louis Garrel (Oui je sais qu'il est très beau).

4) Catherine et Heathcliff dans Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. Que dire. Je trouve que ce livre est (bien plus que Roméo & Juliette) représentatif de la passion amoureuse. C'est violent, c'est destructeur, ils se détestent mais ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre. Ca va de la haine à l'amour et de l'amour à la haine, du début de leurs vies jusqu'à leurs morts respectives. C'est quelque chose d'absolu et ça fait rêver le lecteur parce qu'il sait que c'est irrémédiablement voué à l'échec mais il veut y croire quand même. Ce qui est d'autant plus remarquable dans cette histoire d'amour, c'est qu'elle ne nous est raconté par aucun des deux personnages concernés, mais par un personnage à la fois externe et interne aux évènements, dans le sens où il a assisté à la naissance et aux ravages de l'histoire de Catherine et Heathcliff sans pouvoir rien faire pour les empêcher. C'est une relation qui dépasse tous les autres personnages, qu'ils soient de la même génération ou de la suivante. C'est l'excès des sentiments, c'est beau et ça fait pleurer.

Et pour vous, c'est qui l'amour en littérature ?

 

 

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17 octobre 2015

Pourquoi plus personne ne veut lire les classiques ?

simple hypothèse

Parfois je me promène dans la rue, ou bien je prends le train, et comme je ne peux pas m'empêcher d'observer les gens qui lisent, voire de les dévisager, je remarque avec un petit pincement au coeur qu'on croise très peu de Flaubert et de Maupassant entre leurs petites mimines.

ET JE ME DEMANDE POURQUOI

Déjà, qu'est-ce qu'un classique ? (Oui, c'est les livres qu'on apprend au lycée, mais encore). Le débat est ouvert depuis les débuts de la théorisation de la littérature et je pense qu'il va durer encore pas mal de temps, aussi ne vais-je pas me risquer à essayer de le définir. On va simplement considérer que oui, le classique dont je vais essayer de parler, c'est le roman chiant qu'on vous demande de lire pour le collège et le lycée, c'est le recueil de poèmes face auquel vous vous demandez ce qu'a fumé l'auteur, c'est la pièce de théâtre où tous les personnages meurent sans que vous compreniez pourquoi. Pourtant, si on a décidé d'enseigner la littérature dans les établissements scolaires, et si ces oeuvres ont été choisies pour vous permettre d'appréhender le domaine, c'est qu'il y des raisons, et bien souvent, ces livres sont des petites perles. Alors pourquoi ne pas vouloir les lire ?

Bien sûr, je ne parle pas des personnes qui ont choisi de s'orienter dans une filière littéraire (donc amis L, sortez vous les doigts du cul et allez lire Mme Bovary et Oedipe Roi, y a le bac à la fin de l'année et vous avez CHOISIS d'aller dans une classe où vous alliez forcément avoir des classiques à lire) ou ceux qui n'aiment tout simplement pas lire. Ca arrive et je ne vous blâme pas, je vous souhaite de trouver un jour le livre qui vous réconciliera avec la lecture. Je parle de ceux qui ne voient pas l'intérêt à ces lectures parce qu'après tout quel-est-l'intérêt-de-lire-le-livre-d'un-mec-qui-est-mort, qui préfèrent les matières scientifiques mais qui ont des livres au programme ou qui simplement ne s'orientent pas vers ce type de lectures.

Je sais que les profs ont parfois du mal à vous vendre la marchandise. Quand ils vous annoncent en début d'année que vous allez passer 6 mois à bosser sur Phèdre, Bérénice, Alcools ou Bel-Ami, sans vous annoncer pourquoi vous allez le faire et comment vous allez l'étudier, c'est pas trèèèèès jouissif. Souvent même, les oeuvres choisies sont des exemples qu'on plaque sur un thème au programme. Genre Bel-Ami, c'est l'exemple même du Personnage de Roman, Phèdre, c'est le théâtre classique par excellence etc.

Mais c'est plus que ça. C'est toujours plus que ça.

Trois solutions pour se réconcilier et tenter de comprendre les classiques :

1 ) Partez du principe que chaque livre en a un autre avant lui. Les auteurs d'aujourd'hui ne seraient rien sans ceux d'avant, et ceux d'avant ne sont rien sans ceux d'avant. Je suis foncièrement convaincue que Racine n'aurait rien écrit sans s'inspirer de ce qu'on considérait comme les classiques de son époque, c'est-à-dire les auteurs antiques. De la même manière, je pense que Stephen King n'aurait pas grand chose à dire si d'autres n'avaient pas ouvert la voie du thriller et de l'horreur. Par conséquent, les classiques permettent de mieux comprendre les auteurs actuels. Quand vous lirez votre auteur préféré, demandez vous toujours de quel auteur (mort ou vivant, ça n'a pas d'importance, il suffit qu'il ait marqué l'histoire de la littérature et qu'il soit donc considéré comme un classique) il peut s'inspirer. Si l'auteur préféré en question s'est inspiré de lui, c'est qu'il avait des raisons. Essayez de comprendre l'auteur actuel, allez lire l'auteur classique qui lui a permis d'écrire ce roman que vous aimez tant. Vous comprendrez d'autant mieux vos lectures du moment et vous vous forgerez une culture littéraire classique.

2) Vous préférez vous poser des questions existencielles ? Les maths, la science, les mécanismes du monde et les raisons de l'homme d'être en vie (d'abord bonne chance). Ce n'est pas forcément contraire à la réconciliation avec les classiques. "Un classique, c'est un livre qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à dire" (c'est pas moi qui le dit, c'est Italo Calvino), ça devrait vous plaire. Vous voulez comprendre les rouages de l'Univers ? Comprendre un classique, c'est le véritable challenge. Chaque mot, chaque virgule, chaque absence de ponctuation (coucou Apollinaire), la place de chaque phrase dans un texte, tout, absolument TOUT peut être justifié quand on cherche bien. Donc si vous vous dites "Le prof invente toutes les intentions de l'auteur, il n'a pas forcément voulu dire ça", ce n'est pas forcément vrai. Tout simplement parce que si on ne devait pas interpréter les choses de telle ou telle manière, on ne trouverait tout simplement pas de quoi justifier cette interprétation. Vous ne me croyez pas ? Allez voir les correspondances de Flaubert avec tous ses potos quand il écrit Mme Bovary, vous verrez à quel point il est content d'écrire une phrase en une semaine tellement il cherche à donner du style à sa phrase. Alors comprendre le monde, c'est bien, comprendre un livre qui parle du monde, c'est MIEUX.

3) OUI, souvent les auteurs classiques sont morts. Mais ça peut servir. Oui, oui, oui. Mettez à profit la mort des auteurs en regardant ce qu'ils nous ont laissé. Auteur mort, ça veut aussi dire autre histoire, autre contexte, autre système juridique, autre tout. Quand Balzac écrit Le père Goriot, c'est pas juste pour raconter l'histoire d'un vieillard qui a deux filles égoïstes et superficielles. C'est une partie de l'histoire de France qu'il y a derrière. C'est l'histoire de Paris et des classes populaires. Ce roman, c'est le miroir d'une époque qui permet de comprendre le roman. Ne vous dites pas que les classiques ne sont que des mots qui perdent leur sens à la mort de l'auteur. Ils prennent du sens avec la mort de l'auteur. Un auteur mort, ça veut dire la fin d'une époque. A vous de trouver un interêt à cette époque pour mieux comprendre le livre que vous avez sous le nez.

Evidemment, la liste n'est pas exhaustive. Il n'y a que des bonnes raisons de lire ou relire les classiques. Trouvez la votre et dites vous bien que les livres que vous aimez lire ne seraient pas là sans eux, ça réconcilie.

 

 

 

 

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